Édition du mercredi 26 octobre 2005
Dominique de Villepin rejette l'idée du droit de vote aux immigrés aux élections municipales
Dominique de Villepin a opposé une fin de non-recevoir à la proposition de Nicolas Sarkozy d'accorder, sous certaines conditions, le droit de vote aux immigrés aux élections municipales, un débat qui embarrasse une UMP majoritairement hostile à cette mesure.
«Pour ma part, je crois à la force du lien entre nationalité et citoyenneté: c'est la nationalité qui donne le droit de s'exprimer sur les grandes orientations politiques locales ou nationales», souligne le Premier ministre dans un entretien paru ce mercredi dans "Le Parisien/Aujourd'hui en France".
Interrogé par des journalistes en marge d'une visite mercredi soir à la «Grande dalle» d'Argenteuil dans le cadre de la lutte contre les violences urbaines, M. Sarkozy s'est borné à reconnaître qu'il «y a un débat». «Il y a un débat, ce débat doit prospérer et chacun a le droit de donner son opinion», a-t-il indiqué, se refusant à commenter la fin de non-recevoir que lui oppose le Premier ministre.
La veille, dans les colonnes du quotidien "Le Monde", le ministre de l'Intérieur avait jugé, quelques jours après avoir relancé le débat sur la laïcité, qu'il ne serait «pas anormal» qu'un étranger en situation régulière résidant depuis dix ans en France obtienne le droit de vote aux élections municipales.
Reconnaissant que «le sujet est sur la table depuis longtemps», le chef du gouvernement insiste, lui, sur le fait que «tout étranger qui habite sur notre territoire depuis plus de cinq ans peut librement demander» la nationalité française. «C'est un choix important, qui marque la volonté d'appartenir à la communauté nationale», souligne-t-il. S'il existe «un droit de vote aux élections locales pour les ressortissants européens», c'est «dans le cadre d'une ambition politique commune», ajoute M. de Villepin.
La semaine dernière, il s'était déjà démarqué de son numéro deux en réaffirmant son ferme attachement à la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat.
En se déclarant favorable au droit de vote des ressortissants non-communautaires aux municipales, M. Sarkozy a relancé un débat que l'UMP avait cru enterré en octobre 2002, quand le prédécesseur de M. de Villepin, Jean-Pierre Raffarin, avait donné la priorité à la naturalisation, et dans lequel la droite apparaît plus divisée que la gauche.
Même le très sarkozyste député UMP Thierry Mariani s'est dit «à titre personnel radicalement opposé» à la proposition du ministre de l'Intérieur.
En 1981, la réforme figurait parmi les 110 propositions du candidat François Mitterrand, mais avait disparu de l'argumentaire socialiste de 1988. Globalement, tous les partis de gauche, Verts en tête, sont aujourd'hui favorables à ce droit de vote.
En revanche, sur la discrimination positive - autre thème cher à Nicolas Sarkozy et qui fera l'objet d'un colloque mercredi après-midi au ministère de l'Intérieur - M. de Villepin affirme qu'il faut éviter «les débats sémantiques» et que, «sur le fond», il est «d'accord» avec son numéro deux pour «lutter contre toutes les formes de discrimination et pour l'égalité des chances».
Le gouvernement, «dans son ensemble», «refuse la discrimination en fonction de la race ou de la religion. Car ce type de politique ne pourra que faire le jeu du communautarisme, dont on vient de voir les dégâts en Grande-Bretagne», assure le Premier ministre, qui a évoqué la question lors d'un déjeuner mardi à Matignon avec Nicolas Sarkozy
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